Effets secondaires des thérapies ciblées et lymphome de Hodgkin

Le traitement de première ligne du lymphome de Hodgkin classique en France et en 2024, est basé dans tous les cas sur la chimiothérapie, associée à une radiothérapie de clôture dans les formes localisées. 

L’objectif du traitement de première ligne est la réponse complète et à plus long terme, la guérison obtenue chez près de 90% des patients. En cas de réponse incomplète ou de progression,  il est nécessaire d’avoir recours à de nouveaux médicaments développés dans les essais cliniques comme les thérapies ciblées. Leur action peut s’exercer sur les cellules tumorales ou sur les cellules du microenvironnement.

Brentuximab vedotin (Adcetris)

1) La cible est le « cluster de différentiation 30 » ou CD30, un marqueur de surface cellulaire des cellules tumorales du lymphome de Hodgkin. C’est un immuno-conjugué composé d’un anticorps monoclonal anti CD30 lié à la monométhylauristatine, agent anti-microtubules, qui est administré par perfusion intra veineuse.

2) Effets secondaires

Les principaux effets secondaires du brentuximab vedotin sont la baisse des globules blancs également appelée neutropénie, des infections, une irritation des petites fibres neurologiques également appelée neuropathie périphérique et une réaction lors des perfusions (fièvre, frissons ou baisse de la tension).

La neuropathie périphérique peut concerner près de 50% des patients traités. Elle n’a pas de critère de sévérité particulière mais peut être invalidante au quotidien. Il est donc important de surveiller l’apparition d’une gêne dans la sensation tactile des extrémités (mains et pieds) ou des difficultés dans la motricité fine des doigts comme par exemple taper sur un clavier d’ordinateur ou boutonner sa chemise.

3) Gestion des effets secondaires

La gestion de cette toxicité (dont la neuropathie) induite par le Brentuximab vedotin consiste en une modulation du traitement par le médecin (réduction de doses, du nombre de cycles, report ou interruption de traitement), pour diminuer son retentissement dans la vie quotidienne.

Anti PD1

1) Ces inhibiteurs de points de contrôle ont pour cible les cellules du micro-environnement. Les deux médicaments anti PD1 actuellement disponibles dans le lymphome de Hodgkin sont le nivolumab (Opdivo) et le pembrolizumab (Keytruda).

2) Effets secondaires

La tolérance des anti PD1 est meilleure que celle de la chimiothérapie. Les effets secondaires sont moins fréquents et moins importants, mais sont surtout très différents et variés. Plusieurs organes peuvent être concernés par une réaction immuno-médiée, de survenue relativement imprévisible et avec un délai d’apparition très variable, parfois même après l’arrêt du traitement.

Les principaux effets secondaires peuvent concerner le système endocrinien (dérégulation thyroïdienne), la peau (inflammation cutanée ou des muqueuses : rougeurs, démangeaisons, aphtes, etc…), le tube digestif (inflammation digestive : vomissement, diarrhées, douleurs abdominales, perte de poids), le système respiratoire (inflammation respiratoire : essoufflement, toux …). Ces effets secondaires sont transitoires et réversibles la plupart du temps surtout quand ils sont détectés et traités rapidement.

3) Gestion des effets secondaires des anti-PD1

La prise en charge des patients atteints de lymphome de Hodgkin, traités par anti-PD1 justifie une application rigoureuse des règles de bonne pratique de surveillance des traitements anticancéreux.

  • Informer le patient et les acteurs du parcours de soins des possibles effets secondaires, lui recommander d’éviter l’automédication, et lui demander d’informer très rapidement les soignants d’un possible effet indésirable.
  • Rechercher des facteurs de risque et en faire le bilan avant traitement permettent de mieux anticiper les effets indésirables.
  • Pendant le traitement, surveiller la survenue de signes nouveaux, inhabituels pouvant faire évoquer une toxicité immuno-médiée et différencier une vraie d’une fausse progression tumorale (effet FLAIR en début de traitement).
  • Rester attentif pendant et après traitement, avec un patient réactif, pour détecter et reconnaître le plus tôt possible les effets indésirables.
  • Adapter le traitement nécessite la consultation rapide du patient bien informé des signes de gravité devant l’amener à contacter l’équipe référente. Les mesures thérapeutiques dépendent de la sévérité des effets indésirables : traitement symptomatique, suspension de l’immunothérapie, corticothérapie, recours à un avis spécialisé.
  • Maintenir la surveillance de la tolérance et la survenue d’effets indésirables tardifs même après l’arrêt du traitement. Rédaction avec la participation Du Dr Jean-Marie Michot Département des Innovations Thérapeutiques et Essais Précoces (DITEP), Gustave Roussy, Villejuif.

    Références
    Michot JM, Lazarovici L. Toxicité des thérapies ciblées et de l’immunothérapie par inhibiteurs des points de contrôle dans le lymphome de Hodgkin. Rev Prat. 2023 Jun ;73(6) :641-650.

Informations effets indésirables des médicaments

Contenu mis en ligne le 27/07/2019 – Dernière modification le 30/05/2024